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Description
Ădition de Jean-Pierre Collinet. PrĂ©face d’Yves Le Pestipon. Illustrations de Grandville
Au printemps de 1671, Mme de SĂ©vignĂ© et La Rochefoucauld apprennent par cĆur « Le Singe et le Chat ». La Fontaine a presque cinquante ans ; la gloire lui est dĂ©sormais acquise. Aujourdâhui, La Fontaine a quatre cents ans, et lâon en oublierait presque ce que sa gloire, dĂ©cuplĂ©e par les siĂšcles, a de surprenant.
NĂ© en 1621, longtemps « garçon de belles lettres », La Fontaine sâest dâabord contentĂ© de vivre â « Ne point errer est au-dessus de mes forces » Ââ , et de lire. Malherbe et les Anciens, Rabelais et Marot aussi. Il attendra le milieu du Grand SiĂšcle pour commencer Ă Ă©crire. Ă la chute de Fouquet (1661), son protecteur, il nâa presque rien publiĂ©. Mais bientĂŽt viennent les Contes licencieux et surtout, Ă partir de 1668, les Fables choisies mises en vers. Le dessein Ă©tait apparemment modeste : prĂ©lever des fables dans un vaste fonds, essentiellement antique (Ăsope et PhĂšdre) pour les offrir au public français. Or, si lâĂ©popĂ©e et la tragĂ©die nâĂ©taient pas dĂ©nuĂ©es de prestige, si le roman mĂȘme permettait de se forger une rĂ©putation, traduire et mettre en vers des fables nâĂ©tait assurĂ©ment pas le plus court chemin vers lâimmortalitĂ© littĂ©raire.
La Fontaine est du cĂŽtĂ© des Anciens. Pourtant en quĂȘte « du nouveau », il revendique une imitation « sans esclavage », et, se gardant de toute affectation, invente un art dâune Ă©vidence (apparemment) naturelle : le travail semble invisible dans les Fables (il est vrai quâaucun brouillon ne nous en est parvenu). Le secret de leur modernitĂ© ? Peut-ĂȘtre la pensĂ©e mobile du monde qui sây dĂ©ploie. PlutĂŽt que dâimposer ses vues sur la nature humaine Ă la façon dâun moraliste, La Fontaine propose « une ample comĂ©die Ă cent actes divers », ou encore un « tableau oĂč chacun de nous se trouve dĂ©peint ». La sagesse Ă lâĆuvre dans les Fables nâest pas le produit de quelque transcendance: elle se dĂ©duit des dialogues, des actions et des passions des personnages, placĂ©s parmi les choses terrestres. De lĂ sans doute une fascinante et inĂ©puisable profondeur. « Non seulement il a inventĂ© le genre de poĂ©sie oĂč il sâest appliquĂ©, mais il lâa portĂ© Ă sa derniĂšre perfection », dira de lui Charles Perrault, qui notait â et le constat demeure valable â combien les Fables plaisaient Ă tout le monde, tant aux « enjouĂ©s » quâaux « sĂ©rieux », tant aux vieillards quâaux enfants.
Le texte intĂ©gral des Fables est ici accompagnĂ© dâillustrations de Grandville. Câest la premiĂšre fois que se trouvent ainsi rĂ©unies toutes ses gravures (une par fable) publiĂ©es en 1837 et 1840, et une importante sĂ©lection de ses dessins, qui nous plongent dans lâatelier de lâartiste.
Ses essais, tĂątonnements et repentirs dĂ©voilent le jeu entre reprĂ©sentation animale et reprĂ©sentation humaine des personnages. Baudelaire disait de Grandville quâil lâeffrayait plus quâil ne le divertissait. Effrayante parfois, câest vrai, drolatique souvent, pĂ©trie de ses fantasmes et de ses hantises, la mise en image des Fables de La Fontaine par Grandville constitue un chef-dâĆuvre de lâillustration.
Informations complémentaires
Poids | 0,485 kg |
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